lundi 23 janvier 2012

Archéologie

— Pfff... Je peux bien faire ce que je veux: j'suis l'amour de ta vie! lui dit son manuscrit.
— Ouais, ben ne t'emballe pas trop. T'es pas la seule. 


***


J'adore remonter le courant, suivre le chemin qu'empruntent mes petites neurones et découvrir depuis quels coins sombres se sont échappées mes idées. 


Ce soir, en fouillant dans mes vieilles notes (toutes très bien classées et rangées de façon efficace sous la filière «vieilles_notes»), j'ai redécouvert comment était née Annika Aralia, l'un des personnages principaux de ma série. En recoupant avec les inepties que je publiais presque quotidiennement sur mon blogue à l'époque (personne ne lisait, alors je m'en donnais à coeur joie!), j'arrive à:

  1. recréer une image intéressante de ce qui s'est passé dans ma petite tête.
  2. constater que je ne change vraiment pas... (pour le meilleur et pour le pire)
Je vous en montre un bout...

Une nuit, pour le plaisir, je décide de documenter les pensées qui s'agitent sous mon crâne pendant mon quart de travail. 

Entre minuit et deux heures, avant que le sommeil n'endommage trop mes capacités mentales, je prends ceci en note...
1h23
J'ai une idée folle pour Averia 3. Je le prends en note, mais j'essais aussi de me calmer un peu. Commençons par embellir le premier et terminer le deuxième...
Voilà... le mal est fait. La ligne toute tracée (mais encore un peu floue) de l'univers que j'imagine vient d'entrer en collision avec Annika Aralia, secouant pour toujours mes plans, mes prévisions et mes personnages! Réfléchir la nuit peut avoir ce genre de conséquences ;)

Conseil d'ami: dormez.

Toujours inconscient de ma découverte, je choisis d'écarter l'idée. Sage résolution qui ne durera que quelques heures...

4h52
Au moment d'écrire ces lignes, cependant, j'ai l'esprit qui dérive vers l'idée que j'ai eu pour un éventuel Averia 3. C'est une vision floue, fugitive. Mais ça titille quelque chose dans mon ventre. Comme l'étincelle à l'origine du premier. Comme les images qui me donnèrent envie de commencer le deuxième.
Voilà où je m'exaspère un peu... (et remarquez que j'écris «Averia 3», alors que ça allait plutôt devenir «Tharisia 1», qui lui-même vient d'être rebaptisé «Averia 2»... ouf... vous me suivez toujours?). Relisez le paragraphe, les quelques lignes que j'ai écrites à 5h00 du matin... C'est exactement le genre de trucs que je vous sortirais ce soir au sujet de mon nouveau manuscrit... Tsss... On peut bien me reprocher que mon blogue est répétitif...


Et hop, petit saut temporel.


Le lendemain, j'écris:

Je viens de baptiser l'image qui m'est venue la nuit dernière.
 Annika Aralia.
 Je ne sais rien d'elle. Excepté que c'est une Tharisienne. Qu'elle se peint le visage en noir et blanc. Et qu'elle n'est pas contente.
 Et du coup, Averia 3 vient de se transformer en Tharisia.
 Un autre cycle. De nouveaux personnages. Un autre paysage.
 Je suis fou, hein?


Hum! Annika Aralia! J'adore la sonorité. J'ai pensé à ça comme ça? C'est sortit du néant?


Voyons voir... vieilles notes... fichier word enregistré le 14 février 2010...


«Idée de noms: Anika/Annika/Aniqua/Anniqa/ ... tu comprends le concept» notais-je. 


C'est le seul nom de ma liste. Le seul nom que j'ai noté dans ma banque depuis 2010. Mais, honnêtement, au moment de baptiser Annika, j'avais déjà oublié ce mémo, déjà aspiré dans des archives que je ne consulte à peu près jamais.


Bref... j'adore observer ce qui se passait autour alors que je créais, jeter un oeil sur les notes que je prenais, sur les idées qui s'entrecroisaient. Je n'en ferai pas la liste, mais je me souviens exactement de l'article de Wikipedia que je lisais lorsque j'ai compris quelle serait la quête de mon héroïne, je sais quelle musique j'écoutais, quels films j'écoutais, quels livres je lisais, quels rêves peuplaient mes nuits...


Un roman est une construction. Même si plusieurs morceaux nous semblent «tombés du ciel», il y a un mécanisme, quelque part dans l'inconscient, qui a digéré ce qui traînait autour et qui nous a craché un petit quelque chose, un bout de roc sur lequel bâtir... En déblayant les fondations, en prenant le temps de réfléchir à l'environnement dans lequel on baignait, on arrive à faire resurgir... disons... au moins l'empreinte d'une idée. 


Le fossile de l'idée... Ce fameux flash lumineux, cette inspiration qui nous agrippe le temps de nous remuer l'intérieur, disparaît, s'évanouit, se désagrège... mais il laisse toujours une trace.


***


Re-bref... bonne nuit!


Prédictions: un billet que je vais regretter en le lisant demain matin!

7 commentaires:

  1. C'est comme ouvrir une boite qu'on avait entreposée dans un grenier et y découvrir nos trésors de jeunesse.

    Belle chronique. Merci de partager tes souvenirs avec nous. Intéressant ;)

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  2. Très intéressant comme chronique. J'aime beaucoup l'idée de retourner dans le temps pour voir d'ou viennent les idées. En tout cas, je remarque que ton fichier word date du 14 février 2010. Tu n'avais rien de mieux à faire à cette date? :P

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  3. @Lucille
    Excellente image! J'aime beaucoup.

    Tu as raison. C'est exactement comme ouvrir une vieille boîte et replonger dans de vieux souvenirs. La poussière en moins.

    @Prosp
    lololol!
    Bonne observation... :)

    Sache qu'à l'époque, je travaillais de nuit et que Copine ne rentrait de son animalerie que vers 21h30 le soir.

    ET que de toute façon, chez moi, c'est la fête de l'amour à tous les jours ;)

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  4. Fascinant, le concept du fossile d'idée.
    L'inconscient est un fabuleux réservoir et on a tout à gagner à y faire confiance.

    Je remarque que tes inhibitions sont moins actives la nuit. looool

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  5. @Sylvie
    Je suis d'accord avec toi. D'ailleurs, les mécanismes de l'inconscient me fascine. Je ne me lasse pas d'en apprendre à son sujet.

    En ce qui concerne mes inhibitions, oui, j'imagine que certaines niaiseries que je tais ici d'habitude se fraient plus facilement leur chemin à travers mon esprit embrumé!

    Par contre, tu n'aurais pas besoin de m'obstiner longtemps pour me convaincre que mon billet nocturne du 29 mars 2010 reste l'un de mes meilleurs à ce jour ;)

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  6. À mon sens, l'un des meilleurs que j'ai lu, tous billets de blogue confondus.
    Hé, j'suis sincère, en plus. ;)

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